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Dès sa période préindustrielle, Sherbrooke exploite plusieurs secteurs d’activités. Durant près de 100 ans, les pâtes et papiers, le textile et la métallurgie dominent la production industrielle de l’actuel grand Sherbrooke. Entre les années 1835 et 1890, la proximité des barrages installés le long de la gorge de la rivière Magog est indispensable, et, au tournant des années 1880, les rives sont occupées au maximum de leur capacité. À un point tel qu’un certain Octave Gendron construit, en 1883, une usine au centre de la rivière!

Des femmes travaillent à la confection d’uniformes, pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). À Sherbrooke, les manufactures de tissus (Paton, Dominion Textile) et de vêtements (S. Rubin Ltd) reçoivent de telles commandes du gouvernement canadien.

En 1881, Sherbrooke est au cœur de sa deuxième phase d’industrialisation; en trente ans, sa population a plus que doublé, passant de près de 3 000 personnes en 1851 à 7 227 habitants. Près du deux tiers de sa population active est alors constitué de journaliers (24 %), d’ouvriers spécialisés (18 %), d’artisans (18 %) et d’ouvriers spécialisés (5%), hommes ou femmes selon les catégories et les secteurs d’activités. Majoritaires depuis 1871 à Sherbrooke, les Canadiens français constituent la part la plus importante de cette main d’œuvre. À l’inverse, l’ensemble des propriétaires et de leurs subalternes est anglophone.

Une vue de la rivière Magog, de la Canadian Connecticut Cotton Mills, et des rues du Pacifique, Lincoln, etc., vers 1925. À la demande la compagnie, la Sherbrooke Housing Co. entreprend en 1919 de construire un quartier ouvrier « modèle », avec de petites maisons constituées de deux à quatre logements, pour les employés de la compagnie.

L’urbanisation et l’industrialisation sont intimement liées et cette interrelation guide l’aménagement du territoire. Pour une ville industrielle comme Sherbrooke, les longues heures de travail six jours par semaine ainsi que les moyens de locomotion limités des ouvriers avant l’arrivée du tramway (1897) conditionnent le développement des habitations ouvrières à proximité des lieux de travail, alors que ceux-ci s’organisent pour profiter au maximum de l’énergie hydraulique de la gorge de la rivière Magog et s’installent donc entre l’entrée de celle-ci et le confluent, créant deux zones principales, soit la haute-ville (Upper Mills) et la basse-ville (Lower Mills).

La première voiture à essence construite au Canada serait l’œuvre du Sherbrookois George Foote Foss, qui l’aurait mise au point en 1897. Sur cette photo on voit M. Foss sur sa Fossmobile dans son atelier. Un autre habitant de Sherbrooke, Joseph Fréchette, construit lui aussi une automobile en 1901, et une seconde en 1902.

Jusqu’aux années 1850, Sherbrooke est très isolée des grands centres et peine à prendre son envol industriel malgré des prédispositions très favorables, notamment en matière d’énergie hydraulique. Les voies navigables offrent des perspectives très limitées et le réseau routier est peu développé et en très mauvais état. L’arrivée du train en 1852 donne lieu au désenclavement de la région sherbrookoise, d’autant plus que la ville se retrouve rapidement au centre du réseau du Grand Tronc. En effet, les marchandises et les passagers à destination de Montréal, des provinces maritimes ou encore du Maine devront passer par Sherbrooke. Le positionnement de la ville s’avère très profitable à son développement industriel et à l’afflux de main-d’œuvre. À la fin du 19e siècle et au début du 20e, les industries n’auront plus à demeurer à proximité des barrages hydrauliques pour s’approvisionner en énergie; elles iront plutôt s’installer près des gares, ce qui entraînera le développement de deux nouvelles zones industrielles à Sherbrooke.

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La fin de la Révolution américaine (1783) et des guerres napoléoniennes (1815) aura des répercussions sur les mouvements migratoires en Amérique du Nord. La création du Haut et du Bas-Canada par l’Acte constitutionnel de 1791 est le résultat de l’afflux d’immigrants loyalistes qui quittent les nouveaux États-Unis pour demeurer en colonie britannique. L’ouverture officielle des Cantons-de-l’Est à la colonisation vise notamment l’accueil de ces sujets. Si les Américains constituent la première vague d’immigration dans les Cantons-de-l’Est, les ressortissants du Royaume-Uni seront plus nombreux dès le milieu des années 1810. Bon nombre d’officiers de l’armée britannique recevront des terres dans les Townships en échange de leurs bons et loyaux services. Irlandais et Écossais quitteront leur pays d’origine pour s’installer en Amérique afin de fuir les famines et la précarité de la paix. Quelques milliers d’entre eux s’établiront dans les Cantons-de-l’Est, soit pour cultiver la terre, ou pour travailler sur divers chantiers et usines.

La rivière Magog et le barrage no 2, vers 1900. Dans le bâtiment situé à droite de la photographie se trouve la station de pompage, où l’eau est puisée dans la rivière avant d’être distribuée par le réseau d’aqueduc de Sherbrooke. Beaucoup se plaignent de son mauvais goût, causé par la pollution de la rivière...

À partir de 1802, la rivière Magog joue un rôle très important dans la fondation et le développement de Sherbrooke. La gorge de la rivière Magog, située entre ce qui est aujourd’hui le lac des Nations et la rivière Saint-François, présente de nombreux avantages qui en font une source d’énergie essentielle pendant les premières phases du développement industriel de Sherbrooke. Le fort dénivelé de la rivière crée un courant rapide, du moins suffisamment pour que l’eau ne gèle pas en hiver. Pour s’assurer d’avoir un approvisionnement constant en énergie hydraulique, la BALCo construit un certain nombre de barrages en amont du lac des Nations, jusqu’au lac Magog.